DÉSIR SEXUEL : COMMENT LE PENSER EN CLINIQUE?

Différentes conceptions pour élargir l’éventail des possibilités thérapeutiques

 

Formation continue accréditée par l’OPQ

Donnée par Katia Fournier et organisée par l’Association des sexologues du Québec

Montréal, 16 novembre 2019

 

RÉSUMÉ

Les demandes de consultation en sexologie touchent de près ou de loin le désir sexuel : mésentente sexuelle dans un couple quant à la manière de faire l’amour ou à la fréquence des relations sexuelles; frustration sexuelle; inhibition du désir ou aversion envers la sexualité; conflit entre les désirs et les anxiétés sexuelles; sentiment d’être sous l’emprise de ses pulsions sexuelles; mode d’érotisation rigide ou restreint; questionnements existentiels au sujet du sens de la sexualité et du désir pour soi, etc.

Le thérapeute en sexologique est familier avec ce type de demandes, comme il l’est avec la complexité du désir sexuel et du travail dans la sphère de la sexualité. Traditionnellement, la sexologie proposait des compréhensions et des traitements visant le rétablissement des niveaux de désirs (lorsqu’on juge qu’il y en a trop ou pas assez) ou la redirection du désir (lorsque son objet est jugé inadéquat ou trop restreint). Ces visées sont encore d’actualité mais ont été complémentées au fil des ans par des approches, dont la sexoanalyse (Crépault, 1997), portant davantage leur attention sur les significations du désir et de ses manifestations. D’autres approches encore donnent une place au questionnement sur le désir lui-même et sur l’importance de la sexualité et invitent à repenser les visions de la sexualité sous-jacentes aux objectifs thérapeutiques (Kleinplatz, 2012). Enfin, des philosophies extérieures à la sexologie offrent aussi des conceptions du désir qui méritent d’être considérées. Nous pensons ici à la philosophie bouddhiste qui conçoit le désir ou l’avidité comme source de la souffrance et dont les applications en psychothérapie font l’objet de réflexions dans ce domaine (Fulton et Siegel, 2013).

Toutes ces conceptions et approches comportent des éléments dignes d’intérêt pour l’accompagnement thérapeutique. Ainsi il ne s’agit pas d’hiérarchiser les paradigmes mais d’en étudier l’éventail afin d’avoir plus d’outils à sa disposition en tant que thérapeute, tant dans la compréhension que dans le traitement.

 

BESOINS

Avec quelle conception du désir sexuel le thérapeute peut-il travailler et selon quels critères? Dans la sexologie aujourd’hui, quel est l’éventail des possibilités thérapeutiques pour travailler avec la complexité propre au désir et à la sexualité? Comment tirer profit à la fois des approches traditionnelles, des regards critiques et de la philosophie bouddhiste? C’est à ces besoins que la formation proposera des réponses.

 

OBJECTIFS

Au terme de cette journée de formation, les participants seront en mesure de :

  1. Connaître les différentes conceptions du désir sexuel
  2. Élargir leur éventail de possibilités thérapeutiques pour accompagner les individus et les couples
  3. Améliorer leur jugement clinique pour choisir l’intervention appropriée à une situation clinique donnée
  4. Augmenter leur sentiment de compétence pour comprendre et traiter les cas complexes

CONTENU

Les éléments de contenu seront présentés puis discutés en lien avec leurs implications pour le traitement

  • Conceptions du désir sexuel
    1. Conception mécaniciste rattachée à la notion des niveaux de désirs et leur rétablissement
    2. Conception psychodynamique rattachée au fonctionnement érotique
    3. Conception bouddhiste rattachée à l’idée du désir comme source de toute souffrance
    4. Perspectives critiques
  • Nature de la quête dans le désir sexuel
    1. Anamnèse visant à préciser ce qui est désiré via l’élan sexuel (par exemple se sentir unique, connecté, désiré; recherche de jouissance, de baisse de tension psychique ou physique; désir de posséder, contrôler, démontrer de l’amour, etc.)
    2. Le désir comme élan vers l’autre; le désir comme besoin de l’autre
  • Objets du désir sexuel
    1. Caractéristiques de l’objet (réel et imaginaire) investi par le désir sexuel
    2. Degré de différenciation d’avec l’objet (par exemple l’Autre comme sujet, l’autre comme instrument)
    3. Construction historique et signifiante de l’objet du désir (nous partirons des enseignements de la psychanalyse et la sexoanalyse au sujet des imagos parentales et des expériences affectives et sensorielles signifiantes qui s’amalgament pour former les figures internes qui deviennent objet de nos désirs et de nos fantasmes)
  • Éventail des possibilités d’interventions thérapeutiques selon différentes conceptions du désir et du traitement (à partir de vignettes cliniques de la formatrice et des participants)